"Pendant les années 1970, Valie Export a consacré ses intuitions expérimentales à la cause du féminisme. Cette appropriation particulière du corps pour cette cause doit être considérée comme aussi ancienne que la société patriarcale elle-même. La prise de conscience du fait que cette société a une emprise si déterminante sur le corps impose instantanément des stratégies destinées à resserrer cet étranglement, dans la mesure où, d’un point de vue féministe, la plupart de ces déterminations ne conviennent pas aux femmes et ne sont pas leur fait. Le corps devient le champ de bataille où se déroule la lutte pour l’autodétermination. " in L’avant-garde autrichienne au cinéma, Paris : Centre Georges Pompidou, 1996
Mann & Frau & Animal, de Valie Export
1970-73, 10 min, 16mm, coul, son
----> cest ici que ça se passe <----
On peut penser que les premiers films de Valie Export répondent au désir, au besoin qu’éprouve leur auteur d’interroger sa propre subjectivité et que le public soit un élément nécessaire au transfert, à la polémique. MANN & FRAU & ANIMAL nous présente une femme qui trouve son plaisir en elle-même ; tout le film n’est qu’une affirmation de la sexualité féminine et de son indépendance des valeurs et des plaisirs masculins. Quand je pense à l’étiquette très érotique dont on marque ce film, je me rends compte qu’en tant que spectatrice je fais l’expérience d’une sexualité qui ressemble à celle de l’enfance — qui découle de la curiosité, du plaisir prosaïque de voir, sans rapport avec le fantasme. Ce n’est pas du tout l’expérience de la pornographie ordinaire, qui n’accorde une place à l’érotique que sous forme de symbolisation du pouvoir. Joanna Kierman.



….Remote….Remote…., de Valie Export
1973, 12 min, 16mm, coul, son
----> cest ici que ça se passe <----
En arrière-plan de l’image du film: l’agrandissement d’une photo en noir et blanc sur laquelle deux enfants regardent gravement la caméra. Au centre, une scène d’action de Valie Export qui s’attaque en passant, couteau en main et regard fixe, à la mutilation de ses doigts dont le sang se mêle au lait contenu dans une coupe posée sur ses genoux. A la fin, l’exécutrice disparaît soudainement et laisse à la caméra, visiblement peu impressionnée, uniquement la photo des deux enfants qui continuent à fixer de leurs yeux vides la salle de projection imaginaire et qui (ceci n’étant visible que durant les derniers instants du film) se tiennent crispés par la main. Alors, avec leur regard posé sur l’automutilation, ils s’indignent mutuellement de la douleur. Stefan Grissemann.



Syntagma, de Valie Export
1983, 18 min, 16mm, coul, son
----> cest ici que ça se passe <----
SYNTAGMA est comme un regard fixe que quelqu’un échange avec lui/elle-même, comme s’il/si elle était deux personnes, le regard fixe des yeux sur eux-mêmes et le regard fixe de la caméra. Au travers de ces deux yeux, seul le regard est perçu. Reflets d’identités, le miroir comme l’impénétrable, comme un voile de travestissement. Plus le miroir reflète, plus il glisse dans l’oubli comme objet impénétrable, même s’il est imprégné d’images.



pour en connaître un peu plus sur Valie Export, lire l'article sur paris-art
(en cliquant ici, ça va plus vite)
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